Angers : "un excès de discrétion"

Territoire composite, l’Anjou souffre d’un manque de notoriété. Pourtant, dans des domaines aussi variés que l’agriculture, la gastronomie, l’électronique ou l’installation d’entreprises, il est très bien placé. Ses habitants le savent, les voisins beaucoup moins. Ces questions ont été au cœur de l'atelier attractivité organisé début octobre à Angers.

L'article qui suit est un compte-rendu de l'un des six ateliers attractivité réalisés début octobre 2019 avec les parties prenantes de l'Anjou. À Angers, une quarantaine de personnes y ont participé.

Les Angevins d’Anjou ou d’Angers ?

Pour le dernier atelier consacré à l'attractivité du territoire, le Conseil départemental accueillait les participants en ses murs historiques du centre d’Angers. En introduction, Christian Gillet rappelait le rôle de « garant de la cohérence du territoire » attribué au Département par la loi « Notre ». Une cohérence que les ateliers ont révélée comme l’un des grands enjeux de l’attractivité de l’Anjou. « Les EPCI d’aujourd’hui, ce sont les anciennes seigneureries, les anciennes chapelles, analyse une participante. Comment on fait pour réunir tout ça ? »

C’est un fait : l’Anjou est un territoire composite qu’on perçoit différemment selon qu’on soit à Segré, Saumur ou Cholet. Cependant, au moment de choisir une dénomination, c’est bien l’Anjou qu’on invoque. « Sans aucun doute, on est tous en Anjou, c’est ancré, donc on peut jouer là-dessus, constate un participant. Les élus de la commune nouvelle de Chemillé ont choisi de se nommer Chemillé-en-Anjou. Pourtant, ils ne veulent pas être qualifiés d’Angevins. » La nuance est subtile, mais elle est largement partagée : les habitants du territoire ne veulent pas se voir assimilés à ceux de la ville d’Angers. « Faut-il les appeler les Andégaves, comme la tribu gauloise présente ici au moment de la Guerre des Gaules ? », interroge un participant.

Manque de visibilité

Oui, mais dans ce même livre, Jules César a taxé les Andégaves de « mollesse », laquelle serait, comme le rappelle un historien, à l’origine de la fameuse douceur angevine.

Alors comment singulariser l’Anjou ? Dans le tourisme ? « Pendant longtemps, on a regardé passer les gens, regrette une participante. Notre enjeu est qu’ils restent ici pour deux ou trois nuits. » En économie ? « Nos entreprises manquent de visibilité sur le plan national ». En culture ? « Nos événements manquent de notoriété. » Une participante résume le problème : « Avec tout ce qu’on a, si ça ne se voit pas, c’est peut-être qu’on est trop réservés, on n’ose pas ! ». La douceur serait alors plutôt un excès de discrétion.

Une vraie qualité d’écoute

L’Anjou a donc bien des atouts qui le différencie de ses voisins. En économie, « le territoire a emporté plusieurs choix d’implantations récentes grâce à l’écoute de structures comme la CCI et l’Aldev. Des territoires comme Nantes et Rennes ont moins d’écoute pour l’implantation de sièges secondaires. »

« Dans l’électronique, sur les cendres de Bull et Thomson, nous avons encore un tissu de PME qui font qu’une entreprise comme Atos vient à Angers. » Et à la campagne, « les jeunes qui porteront l’agriculture de demain sont déjà formés, ils sont déjà présents sur le territoire ». La gastronomie n’est pas en reste avec de nombreux chefs étoilés présents. D’ailleurs « la meilleure sommelière de France est originaire d’ici ». Décidément, comme conclut une participante, « il ne nous manque que la mer. » Mais est-ce vraiment une faiblesse ? En exploitant et revendiquant le potentiel sur place, le territoire a de belles conquêtes devant lui.

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